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Balade au bout du Monde
15 février 2007

1.g. Arequipa

Mise en ligne du message: je 15 février 2007, 17h30
Mise en ligne de l'album 1.09: je 15 février 2007, 17h30

Quitter Lima, et le confortable cocon que je m'y étais progressivement aménagé, n'a pas été facile, et ce n'est pas sans un pincement au coeur que je suis monté dans le bus pour Arequipa, en ce dimanche 22 octobre. Quelque mille kilomètres et 14 heures à revivre le film de ces trois premières semaines, certes, mais également à me réjouir de découvrir les autres facettes de cet étonnant pays.

Je n'arrivais pas en territoire totalement inconnu, il faut dire, Mario m'ayant chaleureusement recommandé auprès de son cousin Wilber. C'est donc avec un numéro de téléphone en poche que je débarque dans la "Ciudad Blanca" (tout le monde aura compris, non?), deuxième ville du Pérou avec son petit million d'habitants. Celle-ci n'a pourtant pas grand chose en commun avec sa grande soeur. Le climat, déjà, y est particulièrement clément: des températures diurnes ne descendant jamais en-dessous des 20º, malgré une altitude de 2'380 mètres, et un soleil brillant 360 jours par an, avec une moyenne annuelle des précipitations inférieure à 150 mm. Il faut dire qu'Arequipa se trouve dans le prolongement du désert chilien de l'Atacama, considéré comme le plus sec au monde. En ce qui concerne le contexte géographique, point d'océan, mais trois imposants volcans: le Misti (5'822 mètres d'altitude), cône parfait et icône locale, le Chachani (6'075 m) et le Pichu-Pichu (5'669 m). Les deux premiers cités ont d'ailleurs donné son surnom à Arequipa, en fournissant à ses fondateurs espagnols une pierre volcanique de couleur blanche, dénommée sillar. Et le résultat est somptueux, croyez-moi! A tel point que je n'ai pu réprimer un murmure d'admiration au moment de déboucher sur la Plaza de Armas, au premier jour de mon arrivée: sobriété et majesté, tels sont les maîtres-mots de l'architecture d'un centre historique plutôt reposant, d'ailleurs, loin de la frénésie de la capitale. Car si la voiture y reste omniprésente, Arequipa a malgré sa taille su préserver l'atmosphère d'une ville de moyenne envergure.

Mais je m'égare... J'empoigne un téléphone public, donc, et compose le numéro griffoné par Mario. Une voix de jeune fille me répond, et j'obtiens après quelques minutes de baragouinage en espanglais (...) ce qui ressemble de loin plus que de près à une adresse (à deux adresses, en fait, de quoi me laisser circonspect). Je hèle un taxi et lui montre victorieusement mon résultat, sans que cela ne semble éveiller en lui la moindre lueur de réminiscence. Le second taxi fait preuve de plus de professionalisme (ou d'imagination), et je me retrouve 10 minutes plus tard sur le seuil de la maison de la famille Carpio. Nilda, la maman, est là pour m'accueillir, ainsi que Rocío (un prénom que je mettrai plusieurs jours à comprendre *honte*), la jeune fille du téléphone, âgée de 17 ans. Hasard ou coïncidence, il se trouve que c'est à nouveau un jour d'anniversaire que j'ai choisi pour débarquer, celui du fils Jose (22 ans) en l'occurrence: l'occasion de connaître toute la famille d'un coup, pratique! C'est ainsi que je vois défiler le grand-père paternel, les cousins, les cousines et les tatas, tous plus ou moins curieux de savoir ce que cette grande gicle (eh oui, au Pérou, je dénote un peu) toute maigrelette (bis) peut bien faire ici. Je passe ainsi une première soirée assez incroyable, au centre de toutes les attentions, et cible régulière des plaisanteries de l'aïeul Don Jose, un fier Quechua bon pied bon oeil.

La maison n'est pas grande, et c'est sur un matelas posé à même le sol de la minuscule chambre de Jose que je passe ma première nuit, après une demi-heure de rudes négociations (et la menace de partir sur le champ, véridique!) pour que ce lit de fortune me revienne à moi plutôt qu'à lui. Après un réveil difficile (toute la famille se lève à 5h45 en semaine), je profite de ces heures matinales pour effectuer mes désormais quotidiennes lecons d'espagnol (merci Aude pour ton indispensable bouquin, qui a perdu un peu de sa fraîcheur ;-)). Un apprentissage plus utile que jamais, les connaissances réunies des membres de la famille dans la langue de Shakespeare étant comparables aux miennes dans celle de... Cervantes, c'est-à-dire tout à fait insuffisantes pour communiquer convenablement. Ce qui ne m'a pas empêché de passer une excellente matinée en compagnie de Carlos, neveu de Wilber, et de sa femme Jessica, avec au programme la visite motorisée des environs de la ville: Molino de Sabandía, Mansión del Fundador, Mirador de Sachaca, sans parler des andenes (terrasses agricoles) pré-incas caractéristiques de la région.

Mais point de répit: une deuxième soirée bien animée m'attend, puisque c'est au tour de Nilda de fêter son anniversaire, le même jour que sa soeur Carmen! La famille, au sens large du terme, a mis les petits plats dans les grands: cocktails (dont l'inévitable Pisco Sour), petits fours, barbecue, et un groupe de Mariachis un peu éméchés mais plutôt efficaces. Ambiance garantie, comme vous pouvez le constater sur les photos de l'album 1.09!

Le lendemain, je pars enfin à la découverte du vieux Arequipa, dont j'ai déjà fait les louanges, et de ce qui lui tient lieu de joyau: el Monasterio de Santa Catalina. Comme son nom ne l'indique pas, ce sont des religieuses que cette véritable ville dans la ville accueillit dès sa fondation en 1579, moins de 40 ans après l'arrivée des Espagnols. On attribue d'ailleurs à l'une d'entre elles, Soeur Ana de los Angeles Monteagudo, différentes prédictions et différents miracles. Béatifiée par Jean-Paul II en 1985, elle est toujours l'objet d'un culte bien vivace.

Les jours suivants passeront au rythme de mes visites de la ville et notamment de ses nombreuses églises (qui ont aussi valu à Arequipa le surnom de "Rome des Amériques") au bras de Susana (rencontrée dans l'avion Madrid-Lima, souvenez-vous), des petits plats concoctés par Nilda et sa soeur Nelba (chez qui j'ai également séjourné quelques jours), et des balades nocturnes dans la voiture familiale, le tout entrecoupé d'une magnifique excursion au célèbre Cañon del Colca (prochain chapitre). Autant dire que le temps passe vite, dans ces conditions-là, et que mon séjour sur place s'est rapidement prolongé au-delà des quelques jours initialement envisagés!

Je m'y sentais tellement bien, d'ailleurs, dans cette formidable famille d'accueil, que j'y reviendrai quelques semaines plus tard pour y passer la Navidad, après ma parenthèse bolivienne. Les adieux furent difficiles, malgré ma promesse sincère qu'ils ne seraient en aucun cas définitifs, et j'ai encore en tête l'image de mon autoproclamée mama peruana, un mouchoir à la main, essuyant discrètement quelques larmes au coin de ses yeux. Formidable, j'vous dis.

P.S. Message posté de Rio Gallegos (sud-est de l'Argentine), dans l'attente de mon bus pour Buenos Aires. Un trajet de 35 heures qui ne sera pas de trop pour me remettre de ce dernier mois plutôt sportif, dans des conditions climatiques oscillant entre le pire et le meilleur: bienvenue en Patagonie! Une Patagonie qui aura d'ailleurs eu raison de ma tente, de mes chaussures de marche (ou presque), de mes lunettes, et de ma cheville (qui a doublé de volume suite à une méchante entorse)! Mais pas de ma soif de découverte, il va sans dire, puisque c'est avec une impatience croissante que je fais le décompte des jours me séparant de mon arrivée en territoire mexicain, le 19 février prochain. Je vis ainsi les derniers moments de ce voyage sur le continent sud-américain. Il y en aura d'autres, c'est une certitude.

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Commentaires
F
> Alex: sacré Haddock... tu penses que je n'ai pas vérifié, du coup ;-)! Sinon, pour répondre simplement a ta question: si je raconte maintenant ce que je vis maintenant, quand est-ce que je vais raconter le début? Bien sur, il est probable que je ne raconte qu'a la fin ce que je vis maintenant, et que je raconte la fin apres la fin (soit au début de mon retour en Suisse), mais qui s'en formalisera? J'espere avoir été clair. :-p<br /> <br /> > Gilles: content de te voir dans le coin! Salue Jon de ma part si tu le croises. :-)
G
Que tal ? Content de voir que ton voyage est riche en aventures et anecdotes et que tu ne te laisse pas démonter par les petits pépins classiques ! Lire tes exploits me fait resurgir quelques souvenirs de mon périple sur ce continent et ca m'est fort agréable. Merci de me faire revivre ces moments. <br /> Porte toi bien. <br /> <br /> Gilles, el geografico
A
Lui toujours faire ainsi! T'as vérifié? Merci à nouveau pour tes nouvelles, que je dévore à chaque mise à jour de ton blog. Par contre, j'ai pas tout compris. Pourquoi tu nous racontes le début (certes très intéressant) de ton voyage et pas ce que tu vis actuellement? T'es déjà trop en retard?<br /> <br /> Allez, profite à fond (tu as l'air de le faire) de ton voyage. Ce que tu vis, c'est juste E-NORME!<br /> <br /> A bientôt!<br /> <br /> Alex<br /> <br /> PS: Avec Catherine, on est revenu hier (16 février) d'une escapade express (2 jours) à Milan. Le Dôme, la Scala, etc. Tu connais, je crois... Ce qui est rigolo, c'est qu'en se promenant sur le Corso Buenos Aires, le 15, on se disait justement que tu pouvais justement t'y trouver, à Buenos Aires. Et qu'en lisant ton blog, je me rends compte que c'était le cas, jour pour jour (ou à un jour près si tu es arrivé le 16)! Y'a de ces coïncidences, parfois...
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  • Mes pérégrinations autour de notre bonne vieille Terre, avec en point de mire la découverte des pays suivants: Pérou, Bolivie, Chili (+ Ile de Pâques), Argentine, Mexique, Etats-Unis (NY et SF), Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam, Myanmar, et Inde.
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